Assurance et catastrophe naturelle : les indemnisations vont doubler d’ici 2040

Les assureurs ont réalisé une étude sur l’impact du climat sur le coût des risques à indemniser d’ici 2040. Et le constat n’est pas encourageant : le montant des versements devrait doubler en 25 ans pour atteindre 92 milliards d’euros. La faute principalement à la richesse des territoires et au changement climatique.

Le coût des sinistres à indemniser pour les assureurs va doubler d'ici 2040, à cause notamment du changement climatique.

 

 

Les catastrophes naturelles vont coûter cher aux assureurs dans les années à venir. C’est le constat qui ressort d’une étude sur le coût des risques climatiques en France d’ici 2040 réalisée par l’Association française de l’assurance (AFA) et publiée jeudi 3 décembre 2015.

Les démarches à effectuer auprès de son assureur en cas de catastrophe naturelle

 

Alors qu’entre 1988 et 2013, les compagnies d’assurance ont versé 48,3 milliards d’euros* d’indemnités pour des sinistres dus à des inondations, des tempêtes et des sécheresses, la facture devrait exploser d’ici 2040 pour atteindre 92 milliards d’euros. « Soit une augmentation de 44 milliards d’euros en euros constants », note l’étude.

 

Afin d’établir cette projection, plusieurs indicateurs économiques et climatiques ont été retenus par les assureurs. La hausse du nombre de logements et de leur concentration au fil des années, leur répartition sur le territoire de manière générale mais aussi les aléas climatiques naturels, ou encore les conséquences du changement climatique ont été analysés.

La richesse des territoires, principale coupable

Dans le détail, c’est ce que les assureurs nomment « l’enrichissement du territoire » qui sera la cause principale (43%) du doublement des indemnités versées d’ici 2040. Plus précisément, les professionnels entendent par-là la densité et la valeur moyenne des logements, des entreprises et des biens des collectivités territoriales. « Un évènement d’intensité strictement équivalente survenant exactement au même endroit aura à 20 ans d’intervalle des conséquences plus importantes en fonction de l’évolution du taux d’enrichissement », explique l’AFA.

Changement climatique : inondations, submersion et sécheresse en tête

Le changement climatique constitue le second facteur explicatif de cette augmentation (30%), pesant ainsi 13 milliards d’euros sur les 92 milliards d’euros. Les deux sinistres majoritaires liés à cette modification de climat seront la sécheresse pour un montant de dégâts supplémentaires estimé à 8 milliards d’euros et la submersion marine à hauteur de 4 milliards d’euros (contre un milliard d’euros sur les 25 dernières années dont 800 millions d’euros pour Xynthia). « Ce péril présente la plus forte dynamique de croissance et prendra toutes choses égales par ailleurs une ampleur très conséquente au-delà des 26 années étudiées », craignent les auteurs de l’étude. La submersion marine devrait représenter à elle seule 18% du surcoût versé pour les inondations.

Plus largement, l’étude a fait le rapport entre la hausse du coût d’un sinistre et le rôle joué par l’effet du changement climatique, pour la sécheresse (60%), les inondations (6%), la submersion marine (25%) et une « neutralisation » pour les tempêtes, le facteur du vent étant trop aléatoire.

Trop de concentration sur une même zone

Enfin l’aménagement du territoire (concentration du risque dans une même zone) est le troisième facteur causant une hausse des indemnisations (18%) pour un coût de 8 milliards d’euros d’ici 2040, dont 60% liés aux inondations.

Et le climatologue Jean Jouzel d’observer : « Dans un monde plus chaud, quasiment tous ces extrêmes [sécheresse, canicules, inondations, cyclones…, Ndlr] deviendront plus fréquents et/ou plus intenses. Ce sera par exemple le cas des vagues de chaleur et des fortes précipitations. […] Ces extrêmes sont à l’origine d’une partie notable des coûts auxquels les assureurs ont à faire face. » Afin d’enrayer ces phénomènes largement liés au climat, les assureurs ont émis 34 propositions. Reste à savoir si les pouvoirs publics leur donneront satisfaction.

*particuliers et professionnels


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