Pourquoi les prix des assurances vont augmenter en 2024

Les tarifs de l’assurance, souvent moins médiatisés que ceux de l’énergie ou de l’alimentation, représentent pourtant une part importante des dépenses des foyers français, atteignant jusqu’à 2 500 euros par an pour un ménage possédant son logement et deux voitures Face à cette réalité, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, appelle à la « modération des tarifs pour les assurances du quotidien ».

En 2022, les compagnies d’assurances avaient répondu à cet appel en s’engageant à maintenir la hausse des primes sous le taux d’inflation pour 2022 et 2023. Franck Le Vallois, directeur général de France Assureurs, la fédération du secteur, souligne que cet engagement a été respecté et qu’il reste d’actualité en 2023. Toutefois, pour 2024, rien n’est encore certain, et les discussions entre les assureurs et le gouvernement se poursuivent.

Certains assureurs avertissent toutefois que maintenir la modération tarifaire en dessous du taux global d’inflation (+5 % prévus en moyenne pour 2023 selon l’Insee) sera « très difficile ». Cette analyse est corroborée par les prévisions de plusieurs cabinets d’études indépendants.

La montée des coûts devient de plus en plus difficile à absorber, soulignent de nombreux assureurs. « En tant qu’assureur mutualiste, nos marges se situent entre 1 % et 3 % des fonds propres, ce qui est très limité », explique Adrien Couret, directeur général du groupe Aéma (Macif, Aésio, Abeille Assurances).

De plus, aucune des grandes catégories de couverture n’échappe à l’augmentation des coûts. Pour l’assurance multirisque habitation, le cabinet de conseil spécialisé Facts & Figures prévoit une hausse de 6 % à 8 % des tarifs, en raison de la forte augmentation des coûts dans le secteur de la construction, qui impacte une partie des contrats.

L’assurance automobile est particulièrement concernée, les coûts de réparation ayant augmenté de 8,42 % en un an, selon l’association professionnelle Sécurité et Réparation Automobiles (SRA). Les assureurs pointent du doigt le monopole des constructeurs et des équipementiers sur certaines pièces de rechange, comme les rétroviseurs et les phares, qui dure depuis dix ans.

En outre, l’exonération de taxe sur les cotisations d’assurance dont bénéficiaient les véhicules électriques prendra fin le 31 décembre 2023, ce qui pourrait entraîner une augmentation de 27 % des primes d’assurance tous risques, selon Philippe Saby, directeur général du courtier Sally Azar.

La santé n’est pas en reste, avec une augmentation prévue des dépenses de 3,8 % en 2023. Les assureurs doivent également faire face à de nouveaux transferts de charges de l’Assurance-maladie sur les soins dentaires, à l’extension du « 100 % santé » et à l’impact de la réforme des retraites, qui risque d’entraîner une dégradation de l’état de santé des travailleurs vieillissants.

Toutes ces tendances suscitent des inquiétudes chez les assureurs, mais également chez les assurés, qui pourraient être amenés à renoncer à tout ou partie de leur couverture en raison de l’inflation. La situation est particulièrement préoccupante pour les ménages de retraités, pour qui le coût moyen d’une complémentaire santé représente souvent une part significative de leur budget.

En plus de ces défis, les assureurs doivent faire face à l’augmentation des coûts de la réassurance et aux conséquences imprévues des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel M., dont la facture totale atteindra 730 millions d’euros, selon France Assureurs.

Enfin, l’année 2022 a été exceptionnelle en termes de catastrophes naturelles, et l’effet de ces événements se fera sentir sur plusieurs années. La question d’une augmentation de la surprime Cat Nat, qui finance l’indemnisation des catastrophes, reste en suspens, bien que la nécessité de préserver ce régime soit largement reconnue.

Bien que l’année 2023 ait été relativement clémente sur le plan climatique jusqu’à présent, les assureurs rappellent que c’était également le cas en 1999, jusqu’aux tempêtes dévastatrices de la fin du mois de décembre.