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« L’assurance vie en ligne sert de laboratoire aux assureurs »

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INTERVIEW-Hervé Tisserand, directeur général et cofondateur du courtier Altaprofits, l’un des pionniers de l’assurance vie sur Internet, fait le point sur ce marché encore marginal mais en plein développement. Il explique notamment pourquoi les compagnies d’assurance l’abordent avec prudence.

Toutsurlassurancevie.com : Pourquoi les rendements des contrats d’assurance vie vendus sur Internet sont-ils pour la plupart plus élevés que les contrats traditionnels ?
Hervé Tisserand : C’est vrai que la plupart des taux 2012 des fonds euros commercialisés sur Internet dépassent 3% alors que les taux 2012 proposés par les autres canaux de distribution se situent plutôt entre 2,50% et 2,90%. Il y a des raisons à la fois marketing et financières à cela. Marketing parce que sur Internet, si vous n’affichez pas un bon rendement, vous ne vendez pas. Il est encore plus facile de comparer sur le Net et les internautes sont très sensibles au taux proposé. Les assureurs vie présents sur Internet l’ont bien compris et jouent le jeu. Financières parce que les fonds euros dédiés au Web sont de taille beaucoup plus modeste que les grands fonds des contrats traditionnels et sont donc plus faciles à manœuvrer. Les compagnies peuvent se permettre de diversifier leurs investissements parce qu’il s’agit justement de petits fonds. Je rappelle qu’Internet représente seulement 1% environ de l’assurance vie en France. Toutefois, son potentiel de développement est important.

Quel est le profil de l’assuré vie sur Internet ?
Il est moins jeune que l’on peut le croire. Chez Altaprofits, la moyenne d’âge de nos clients se situe autour de 50 ans. Ce ne sont pas forcément des « geeks ». Sur Internet, nous récupérons une clientèle curieuse, avertie, qui veut prendre son épargne en main. C’est un épargnant en demande de plus d’autonomie, de plus de liberté. Les unités de compte représentent en proportion environ du double par rapport au marché dans nos contrats (soit aux alentours de 30%, NDLR).

Pourquoi si peu d’assureurs sont-ils présents sur Internet ?
Cinq grands acteurs assurent, il est vrai, la grande majorité des contrats d’assurance vie vendus sur Internet. Il s’agit de Generali, d’ACMN Vie, de Suravenir, de Spirica et depuis peu, de SwissLife. Le marché de l’assurance vie en ligne demeure encore réduit alors qu’il nécessite de lourds investissements, notamment en matière de systèmes d’information, les internautes exigeant une grande réactivité. Par ailleurs, les compagnies ne veulent probablement pas trop investir Internet de peur de « froisser » leurs autres canaux de distribution, notamment les réseaux salariés et les agents généraux. Ces derniers sont des indépendants. Ils leur apportent une grosse partie de leur chiffre d’affaires. C’est la raison qui explique que les grandes compagnies qui possèdent un réseau étoffé d’agents généraux soient si peu présentes dans l’assurance vie en ligne. Mais je pense qu’elles ont tort.
Les courtiers qui distribuent de l’assurance vie sur Internet, comme Altaprofits, peuvent servir de laboratoire aux compagnies. Nous sommes un peu ce que la Formule 1 est à l’industrie automobile ou la haute couture à l’industrie textile. Ce sont les courtiers vie en ligne qui ont imposé le 0% de frais sur les versements qui est devenu la norme. Les arbitrages automatiques sont apparus en premier sur Internet. Chez Altaprofits, tous les actes de gestion sont gratuits, sauf les frais de gestion qui s’élèvent à 0,6% de la prime. Nos clients ont accès à 70 sociétés de gestion, dont les plus grandes signatures. Et cela à partir de seulement 1.000 euros de versements. Jusqu’ici, ce type de services était réservé à la clientèle des banques privées. Nous avons en quelque sorte « démocratisé » les contrats d’assurance vie haut de gamme.

Comment s’est comportée votre collecte en 2012 ?
Notre collecte nette a été positive même si les retraits ont légèrement augmenté. En début d’année, avec la crise des dettes souveraines, nous avons eu affaire à des comportements de panique quelque peu irrationnels. Certains clients ont liquidé leur contrat pour acheter de l’immobilier, voire de l’or ! Les donations, notamment aux petits-enfants, ont également pesé. Aujourd’hui, nous faisons plutôt face à de petits rachats pour consommer. C’est un phénomène nouveau que nous n’avions pas rencontré jusqu’ici. Pour autant, nous sommes confiants pour 2013. Nous pensons même que ce sera une belle année. La fiscalité de l’assurance vie a pour l’instant été épargnée et le CAC 40 est en train de se redresser. Il reste, toutefois, beaucoup de zones d’incertitude.

Quels sont vos nouveautés pour 2013 ?
Nous allons continuer à proposer des obligations « corporate » (de la dette émise par des entreprises sur les marchés financiers, NDLR) et des obligations de pays émergents, si les conditions de marché s’y prêtent. Nos clients font comme les assureurs : ils diversifient leur portefeuille. Ils progressent en matière d’allocation d’actifs. Nous veillons à les former. Nous envoyons régulièrement des courriers d’information sur les différentes stratégies d’investissement à adopter. Nous sommes très sensibles à leur apporter une très bonne qualité de service et c’est ce qui nous différencie. Chez Altaprofits, nous avons décidé de ne rien sous-traiter. Nos téléconseillers sont tous titulaires d’un diplôme en gestion de patrimoine. Moi-même, je réponds aux appels des clients lors des fortes périodes de souscription.

Propos recueillis par Jean-Philippe Dubosc

Sur le même thème, consultez l’article : Les taux de rendement 2012 restent meilleurs sur Internet

 


Tout Sur l'Assurance-Vie

Les fonds euros des assureurs vie mutualistes en tête des performances 2012

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A contre-courant de la tendance de la majorité des acteurs, les assureurs vie mutualistes ont réussi à maintenir, voire à faire progresser les rendements des fonds en euros de leurs contrats en 2012. Leurs performances se situent entre 3,05% et 3,90%, soit la fourchette haute du secteur.

 La rémunération des supports en euros a souffert en 2012 des effets conjugués de la baisse des taux d’intérêts des obligations d’Etat et du coût des nouvelles exigences prudentielles de fonds propre imposées par la directive européenne « Solvabilité 2 ». Un modèle de gestion, celui des assureurs mutualistes, semble toutefois tirer son épingle du jeu dans ce contexte économique difficile. Alors que les prévisions de certains spécialistes anticipaient des rendements compris entre 2,70% et 3,40%, ceux des supports sécuritaires des mutuelles d’assurance vie atteignent ou dépassent le haut de cette fourchette. Les coûts de fonctionnement et les marges généralement moins élevées dans les mutuelles (elles n’ont pas d’actionnaires à rémunérer) expliquent, en partie, cette bonne performance.

Matmut Vie

La société d’assurance mutuelle basée à Rouen affiche une hausse des rendements sur ses contrats en euros en 2012 de 0,20 point par rapport à 2011. « Matmut Vie Epargne » s’établit ainsi à 3,40% et « Matmut Vie Générations », destiné aux enfants de ses sociétaires, s’élève à 3,15%. « Nous servons des taux de rendement 2012 en augmentation par rapport à l’exercice précédent, du fait d’une gestion prudente en 2011 », a commenté son Pdg, Daniel Havis.
La France Mutualiste
Les taux de rendements des contrats en euros de La France Mutualiste ont également augmenté en 2012, mais dans des proportions moindres, entre 0,03% et 0,11%. Des progressions certes mesurées mais qui tranchent avec la tendance générale baissière du secteur. « Dans un monde incertain, l’épargne mutualiste tient son cap et ses performances » revendique la mutuelle nationale d’épargne et de retraite qui accompagne notamment les anciens combattants. Parmi les fonds euros proposés par La France Mutualiste, le taux du contrat mono support « Rentépargne » augmente le plus sensiblement de 0,11% par rapport à 2011 à 3,36%. Il rejoint ainsi la rentabilité des fonds euros des contrats multisupports de la mutuelle : « Actépargne 2 » (+0,03%), « Livret Jeun’ Avenir » (+0,03%), ou « Livret RM » (+0,03%).
Le Conservateur
Le groupe mutualiste, seul distributeur en France de la Tontine, maintient la même rémunération de ses supports en euros que l’an passé, c’est-à-dire 3,75% pour son contrat « ultisupports Helios Sélection », 3,50% pour « Arep Multisupport » et 3,25% pour le contrat « Monosupport Arep » (100% en euros). Des niveaux élevés que son directeur général, Gilles Ulrich, justifie par la politique commerciale du groupe, axée sur les unités de compte (UC) et qui permettent de générer une rentabilité supérieure pour la redistribuer à ses clients.
MACSF
La mutuelle d’assurance spécialisée dans les professionnels de la santé, a annoncé une baisse limitée de 0,15 point des rendements de ses fonds euro en 2012. Les taux servis par la MACSF restent toutefois à des niveaux élevés comparés au reste du marché : 3,50% sur son contrat mono support « RES », de 3,50% à 3,55% sur le fonds en euros de son multi supports « RES MS » et de 3,65% sur « RES Fonds de Pension Avenir ». Marcel Kahn, son directeur général explique ces bons résultats par une gestion dynamique du portefeuille actions et une allocation importante dans les obligations d’entreprises. « Notre politique de maîtrise des risques nous a fait poursuivre la réduction de notre exposition à la dette souveraine des pays périphériques de la zone Euro » a-t-il ainsi souligné, lors de la présentation des rendements des contrats d’assurance vie du groupe.
GMF
Du côté de la GMF (Garantie Mutuelle des Fonctionnaires), premier assureur des agents du service public, la baisse annoncée se chiffre à 15 points par rapport à 2011. L’ensemble des fonds en euro du groupe, le contrat mono support « Altinéo », et les multi supports « Multéo » et « Certigo », seront servis à un taux identique de 3,05% contre 3,20% l’année dernière. Considérant que « ce taux de 3,05% constitue un bon niveau de rendement qui s’inscrit dans la volonté de garantir une performance durable », le groupe a indiqué que « ses priorités demeurent le maintien de sa solidité financière et la préservation des intérêts des épargnants ».
MIF
La MIF (fusion de la Mutuelle d’Ivry et de la Fraternelle) a annoncé un rendement sur son fonds euros de 3,90%. La meilleure performance dans l’univers des assureurs mutualiste que la mutuelle d’épargne attribue à une bonne allocation de ses actifs. L’ensemble de ses contrats bénéficie de ce taux, en diminution de 0,15 points par rapport à celui de 2011.
Carac
La Carac (Caisse Autonome de Retraite des Anciens Combattants), la mutuelle d’épargne fondée « par et pour les anciens combattants », affiche toujours des taux de rendements élevés malgré une diminution de 0,20 à 0,25 points par rapport à l’année dernière. Le contrat solidaire « Entraid’ÉpargneCarac » passe ainsi de 4% à 3,75% en 2012, alors que les autres fonds sécuritaires « Compte Épargne Carac », « Compte Épargne Famille » et « Compte Profiléo » s’établissent tous à 3,70% contre 3,90% un an plus tôt. Ces taux favorables s’expliquent par l’allocation performante de la Carac, qui a notamment « privilégié les investissements dans des entreprises européennes, y compris originaires d’Italie et d’Espagne », précise la mutuelle dans un communiqué.
MAAF
La situation est plus contrastée pour la MAAF (mutuelle d’assurance automobile artisanale de France). Si le contrat mono support « Compte Epargne MAAF » fermé à la commercialisation depuis 2006 voit son taux fléchir très légèrement à 3,01% en 2012, les contrats « Winnéo » et « Dynalto » reculent tous deux plus fortement de 0,20 points à 2,31%. Quant au fonds euro de l’assurance vie multi-supports de la mutuelle des artisans, « Winalto », il maintient une rémunération similaire à celle de 2011 à 3,20%. « Nous avons pu maintenir ce taux de 3,20% en 2012 tout en confortant nos réserves pour les années à venir, ce qui est fondamental dans un contexte financier qui demeure incertain » a mis en avant Etienne Couturier, le président du directoire de MAAF VIE dans un communiqué.
Macif (Mutavie)
La Macif fait figure de contre-exemple à cette tendance plutôt favorable. Les taux de rendements de ses contrats d’assurance vie reculent tous de 0,30 points par rapport à 2011. Les contrats d’assurance-vie sans frais sur versement « Livret Vie » et « Livret Vie Option » diminuent à 2,55% contre 2,85% en 2011, tandis que « Actiplus » et « Actiplus Option » s’élèvent à 3,15% contre 3,45% l’année passée. « Dans un contexte économique instable, Mutavie privilégie plus que jamais la sécurité et la protection de ses épargnants en garantissant la rentabilité de leur épargne sur le long terme », a préféré retenir la Macif dans un communiqué annonçant ces résultats.

MMA Vie
Dans le bas de la fourchette, la MMA (Mutuelle Mobilière du Mans) a annoncé un taux de rendement net de 2,75 % sur le contrat « MMA Croissance » en baisse de 30 points par rapport à 2011, et de 2,90 % sur le fonds en euro du multi supports « MMA Multisupports », en recul de 15 points. « En 2012, MMA Vie a choisi une gestion prudente des risques financiers qui s’est matérialisée, en particulier, par un désinvestissement total des actifs grecs. En complément, MMA Vie a procédé à un renforcement de ses provisions et de sa réserve de capitalisation, gages de solidité dans le temps et de pérennité des rendements ».
Rappelons que les taux communiqués sont nets de frais de gestion mais bruts de prélèvements sociaux de 15,5%. La rémunération peut également être amputée en cas de rachat d’une éventuelle fiscalité, dont le taux peut varier soit en fonction de la tranche d’imposition de l’assuré, soit de la durée de détention du contrat en cas d’option pour le prélèvement forfaitaire libératoire.

 


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