Complémentaire santé : des réformes « scandaleuses » pour les mutualistes

Selon la 3ème édition du baromètre de la Fédération nationale indépendante des mutuelles (FNIM), il existe un « grand écart » entre les attentes des Français en matière de complémentaire santé et l’encadrement des contrats mené par le gouvernement. En marge de ces résultats, le président de la FNIM a listé ses (nombreux) griefs.

Les mutualistes fustigent les réformes d'encadrement des complémentaires santé du gouvernement

 

Le gouvernement chercherait-il à en faire trop ? Selon la Fédération nationale indépendante des mutuelles (FNIM), il n’existe plus aucun doute sur la question. A l’occasion de la présentation des résultats de son 3ème baromètre sur l’assurance santé, la fédération mutualiste, en la personne de son président Philippe Mixe, est revenue sur plusieurs sujets d’actualité qui vont impacter les assurés.

Généralisation de la complémentaire santé trop intrusive

Premier constat de l’étude menée début septembre 2015 auprès de 1.000 Français, 93% sont équipés d’une complémentaire santé, soit 1% de plus qu’en 2014. Les moins de 30 ans restent moins couverts que leurs aînés (83%). Selon l’étude, la généralisation de la complémentaire santé au sein des entreprises du privé au 1er janvier 2016 devrait essentiellement avoir un impact sur le taux d’équipement de cette tranche d’âge. A ce propos, le baromètre démontre que si 78% des salariés ont pris connaissance de cette généralisation, ce n’est pas grâce à leur entreprise mais aux médias. En effet, pour le président de la FNIM, « les entreprises n’ont pas joué le jeu, pas plus que les syndicats ».

Au-delà de la connaissance du dispositif, c’est surtout l’obligation pour les salariés d’adhérer dans un futur proche au contrat de leur entreprise (sauf 7 cas de dispenses) qui indigne la FNIM. « Il n’est pas normal que l’entreprise se mêle de la santé de ses salariés, c’est du domaine de la vie privée, fustige le président de la fédération. Cette obligation constitue encore un exemple flagrant de l’intrusion des pouvoirs publics. Les assurés n’auront plus la liberté de choisir leur complémentaire, ni son prix, ni ses garanties. » Par ailleurs, les entreprises qui n’offraient pas jusqu’ici de mutuelle à leurs salariés risquent majoritairement d’opter pour le minimum. « Insatisfaits, les salariés vont prendre une surcomplémentaire qui leur coûtera cher car il faudra bien compenser », poursuit Philippe Mixe.

60% des Français veulent d’autres contrats

Plus globalement, le président de la FNIM s’oppose à un quelconque encadrement des complémentaires santé. « Le gouvernement n’a de cesse de brandir l’argument des prix comme frein à la souscription d’une mutuelle santé. Mais c’est faux, comme le prouvent les résultats du baromètre », s’insurge Philippe Mixe. 87% des interrogés qui ne possèdent pas de mutuelle santé estiment qu’elle n’est pas « indispensable ». « Même si les tarifs baissent de 15%, cela ne changera pas leur approche, c’est un choix délibéré

Pour les particuliers couverts, ce n’est pas tant le prix qui pose problème mais les garanties proposées : les salariés préfèreraient en effet des garanties plus recentrées (38%) ou plus renforcées (36%) – voire les deux (17%) – sur certains postes lourds comme les frais hospitaliers. Près de 60% des Français souhaiteraient accéder à d’autres formes de contrats que ceux encadrés actuellement, à savoir les contrats responsables qui imposent des garanties et des plafonds de remboursements. « Il y a un grand écart entre les attentes des assurés en matière de santé et l’encadrement imposé par le gouvernement. De leur côté, les professionnels n’ont plus la capacité d’innover, d’être à l’écoute de leur adhérents. Je suis le président d’un kolkhoze mutualiste », affirme le président de la FNIM.

« Un scandale absolu orchestré par le gouvernement »

Autre sujet de discorde, l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS) et l’article 21 du projet de Budget de la Sécu 2016 actuellement en discussion au Parlement. L’ACS, une aide versée sous forme de chèque pour la souscription d’une mutuelle santé, reste encore majoritairement méconnue des Français (88%) « alors même que le gouvernement l’a réformé en juillet dernier et s’est engagé à mener une grande campagne d’information », pointe l’étude. Quant à l’article 21 du projet de Budget, il se calque sur la réforme de l’ACS. En effet, un appel d’offres va être lancé auprès des assureurs, instituts de prévoyance et mutualistes afin de sélectionner des contrats de bon rapport qualité/prix pour les seniors et retraités de 65 ans et plus. Là encore, pas de quoi satisfaire le président de la FNIM qui dénigre « la segmentation orchestrée par le gouvernement qui impose tel contrat pour telle partie de la population ». Avant de conclure : « Et puis quoi encore ? Des contrats pour les malades du cancer, les personnes en bonne santé, les jeunes ? Toutes ces mesures, la généralisation, l’ACS, la complémentaire pour les 65 ans et plus… On segmente sur des bases prédéfinies au lieu de mettre en place une solidarité intergénérationnelle. C’est un scandale absolu. »

La FNIM a ainsi demandé le retrait de l’article 21 du projet de Budget de la Sécu 2016 bien que le texte vienne tout juste d’être adopté à l’Assemblée nationale en première lecture. Et l’article y figurait bel et bien.


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