Sécheresse : La facture pourrait atteindre 2,4Mds d’euros en 2022

Selon une estimation de la MRN (Mission Risques Naturels), la sécheresse devrait coûter entre 1,6 et 2,4Mds d’euros en 2022. Pour autant, France Assureurs considère que sortir ce péril du régime des catastrophes naturelles est une « fausse bonne idée ».

A l’occasion d’une « master class » organisée par France Assureurs sur le risque sécheresse en France, la fédération des assureurs est rentrée en détails sur l’impact assurantiel de ce péril, « l’un des plus dynamiques de ces dernières années », selon Franck Le Vallois, son directeur général.

Couverte par le régime des catastrophes naturelles, la sinistralité liée aux phénomènes de RGA (retrait-gonflement des argiles) ne cesse de s’accroître ces dernières années. Selon France Assureurs, la sécheresse pèse depuis 2016 près de 24% de la sinistralité climatique annuelle de l’Hexagone (contre 15% entre 1989 et 2016).

« 48% du territoire est aujourd’hui exposé à un risque sécheresse moyen ou fort, soit 54% des maisons individuelles en France métropolitaine », explique José Bardaji, directeur statistiques er recherche économique au sein de France Assureurs. Et ce dernier de préciser que 3,3 millions de maisons se situent en zone à risque fort. « 90% des sinistres sont concentrés sur 42 départements et 44% du coût de la sécheresse se répartit sur les 10 départements les plus exposés », ajoute José Bardaji.

2022, pire année de sécheresse ?

Invité à expliquer à quelles périodes intervient la sinistralité liée aux RGA en France (voir graphique ci-dessous) Sarah Gérin, directrice de la MRN (Mission Risques Naturels) a également précisé comment quels critères permettait d’apprécier l’impact du phénomène. « L’indice d’humidité des sols combiné à l’exposition des risques de RGA nous permet une première évaluation du risque sécheresse qui pourrait coûter entre 1,6 et 2,4Mds d’euros en 2022 (ndlr : hors risques agricoles) », explique cette dernière.

Forte de cette première estimation, 2022 serait ainsi l’une des années les plus sinistrées sur la sécheresse (au même titre que les 2,12Mds d’euros enregistrés en 2003) depuis la création du régime Cat Nat en 1982. « Six des neufs années les plus sinistrées sur ce péril l’ont été post 2015 », fait remarquer José Bardaji. (voir graphique ci-dessous)

Maintenir la sécheresse au régime

Devant l’impact assurantiel grandissant du risque sécheresse et son coût annuel moyen par sinistre d’environ de 16.000 euros (voir graphique ci-dessous) – France Assureurs a rappelé que ce péril en France a déjà coûté 14Mds d’euros entre 1989 et 2019 et devrait coûter atteindre les 43Mds entre 2020 et 2050 – la question de sa couverture future se pose.

« L’idée qui consisterait à sortit le risque sécheresse du régime des catastrophes naturelles est une fausse bonne idée. Au-delà de la faible probabilité que les assureurs paient les sinistres hors du principe de mutualisation, il y aurait beaucoup plus de différents entre assurés et porteurs de risques et donc une explosion des recours en justice et des délais de traitement plus longs », fait valoir Florence Lustman.

Pour améliorer la situation, France Assureurs a notamment esquissé plusieurs axes d’amélioration, notamment en fonction du degré de sévérité des sinistres. « Le régime est fait pour indemniser les conséquences de RGA qui mettent en périls les bâtis. La question se pose donc sur les dommages purement esthétiques ? », explique ensuite la président de la fédération.

Cette dernière a surtout redit sa volonté de développer des actions de prévention, notamment via l’élargissement du Fonds Barnier pour sa prise en charge. « Peut-être devons-nous également réfléchir à un mode de certification pour les constructions sur ces sols argileux », lance-ensuite Florence Lustman à destination des constructeurs.

Enfin, à la question d’une hausse de la participation des assureurs au régime Cat’ Nat’ à travers les cotisations auto (6%) et MRH et MRP (12%) pour compenser la hausse des sinistres, la présidente a expliqué, « qu’avant de se résoudre à cette solution, nous devons explorer toutes les autres pistes. Le régime n’est pas exposé financièrement et une telle décision impacterait évidemment les assurés ».

En moyenne, un assuré paie 25 euros / an pour être couvert en MRH par le régime Cat Nat et 2,5 euros en automobile.