Bientôt une consultation à 25 ou 30 euros chez le médecin ?

Après la bataille du tiers-payant généralisé, place à celle du prix de la consultation que règlent les patients lorsqu’ils vont voir leur médecin. Fixé à 23 euros, le tarif des consultations n’a pas évolué depuis 2011. Aujourd’hui, les professionnels de santé plaident en faveur d’une revalorisation à 25 euros, d’autres à 30 euros.

Le prix de la consultation chez un médecin généraliste va-t-il prochainement augmenter ? C’est tout du moins ce qu’espèrent de longue date la majorité des professionnels de santé au travers des principaux syndicats de médecins. Actuellement, le prix de la consultation est fixé à 23 euros, or ce tarif n’a pas évolué depuis 2011, date des dernières négociations entre l’Assurance maladie et les médecins libéraux (généralistes + spécialistes).

Depuis plusieurs mois, les médecins n’ont cessé de plaider en faveur d’une revalorisation de leurs honoraires, parmi les plus bas d’Europe selon l’OCDE. De nouvelles négociations pour déterminer la feuille de route des cinq prochaines années débutent mercredi 24 février 2016 entre les médecins libéraux et l’Assurance maladie. Et les débats risquent d’être tendus : non seulement, les professionnels de santé ont encore en travers de la gorge la généralisation du tiers-payant votée à la fin 2015 dans le cadre de la loi santé, mais en plus, l’Assurance maladie possède très peu de marge de manœuvre budgétaire pour satisfaire l’ensemble des revendications portées sur sa table.

« Un plan Marshall sur la médecine libérale »

Les attentes tarifaires des médecins varient selon les principaux syndicats de la profession. Le syndicat des médecins généralistes, MG France, revendique une consultation revue à 25 euros, afin de s’aligner sur le tarif de base des autres spécialistes. De son côté, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) réclame une hausse du prix de la consultation « pour l’ensemble des médecins » à 30 euros. Afin d’appuyer cette requête, la CSMF appelle les professionnels « à pratiquer la désobéissance tarifaire en augmentant le tarif de la consultation et en pratiquant des dépassements d’honoraires en fonction du contenu et des actes ».

Davantage dans le symbolique, le président de la Fédération des médecins de France Jean-Paul Hamon, invité sur le plateau de LCI le 18 février, a plaidé en faveur d’« un plan Marshall sur la médecine libérale ». « Il faut que l’exercice libéral se déroule dans de bonnes conditions et cela passe par une revalorisation de la consultation, a-t-il poursuivi. Il faut une véritable réforme et non des mesurettes. » Les syndicats souhaitent également rehausser le montant des consultations longues et complexes, autour de 40 euros et disposer d’une somme forfaitaire afin de pouvoir engager du personnel en commun et se consacrer ainsi davantage à l’exercice médical.

Fin des négociations cet été

Si le bras de fer entre Marisol Touraine et les professionnels de santé se poursuit sur le tiers-payant, sans qu’aucun des deux camps ne cèdent, il semblerait que la ministre de la Santé soit davantage ouverte à une revalorisation. Invitée du grand jury RTL / Le Figaro / LCI le 21 février, Marisol Touraine a réaffirmé « que la rémunération des médecins sera augmentée ». Pour la ministre, la question est davantage de savoir sous quelle forme et de quelle manière. « Il y a le prix de la consultation et tout ce qui l’accompagne et que l’on n’a pas toujours à l’esprit : chaque fois qu’un médecin reçoit un patient et qu’il l’incite à se faire vacciner, ou une personne âgée avec qui il va passer davantage de temps (5 euros pour les plus de 80 ans, Ndlr), l’Assurance maladie lui paie une certaine somme en plus du prix de la consultation », a précisé la ministre. Avant d’ajouter qu’elle souhaite que « l’on valorise les médecins qui sont fortement engagés dans la lutte contre le tabac » via une rémunération complémentaire.

Mais lorsque Marisol Touraine est interrogée sur le montant des futures consultations, la ministre botte en touche, se contentant d’ « espérer qu’un accord sera trouvé autour de l’été ». Dans tous les cas, si aucun accord n’est trouvé d’ici le 26 août prochain, une personnalité extérieure sera chargée de trancher pour une application de la nouvelle convention au printemps 2017.