Assurances : la résiliation à tout moment des contrats en discussion

benoit, hamon

Le débat sur le projet de loi de Consommation s’est ouvert lundi 24 juin 2013 en fin d’après-midi à l’Assemblée. L’une de ses mesures phares consiste à donner aux assurés la possibilité de résilier à n’importe quel moment leur contrat d’assurance après une durée minimum d’un an.

Le projet de loi de Consommation vise à « rééquilibrer les relations économiques (…) entre consommateurs et entreprises », a déclaré dans l’Hémicycle le ministre de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici en préambule de l’examen de ce texte. En matière d’assurance, le renforcement des pouvoirs des consommateurs se matérialise dans ce texte par un article autorisant « la résiliation infra-annuelle des contrats d’assurance multirisques habitation et responsabilité civile automobile », c’est-à-dire donnant à l’assuré la possibilité de stopper à tout moment, une fois leur première année écoulée, ces contrats d’assurance tacitement reconductibles.

Les mutuelles santé non concernées

En plus des contrats MRH (multirisques habitation) et auto, l’ensemble des contrats d’assurance affinitaires (téléphone, voyages, extension de garantie) seront également résiliables à tout moment, un amendement en ce sens ayant été ajouté en commission des Affaires économiques. En revanche, les complémentaires santé demeurent exclus du champs de ce texte. A juste titre selon le député (PS) du Doubs, Frédéric Barbier, qui a expliqué à son tour que « les besoins des assurés santé varient en fonction de l’âge » mais que « les prix sont établis grâce à la mutualisation des populations. Une plus grande mobilité pourrait remettre en cause ce modèle économique et fragiliser à terme l’assuré », a-t-il argumenté. En revanche, ces contrats devront se présenter sous une présentation uniforme, propose un autre article de ce texte.

« Les prix ont augmenté indifféremment de cette mesure »

Cette disposition doit globalement dynamiser la concurrence du secteur en renforçant la mobilité des assurés. Elle a évidemment provoqué la colère des professionnels du monde de l’assurance, dont certains ont fait valoir qu’elle pourrait entrainer paradoxalement une hausse des tarifs. Un argument irrecevable pour le rapporteur du texte, le député (PS) de Seine-Saint-Denis, Razzy Hammadi. « Ces dernières années, les prix ont augmenté indifféremment de cette mesure. Dans de nombreux domaines, notamment l’habitation, la hausse des tarifs a été deux à trois fois supérieure à l’inflation », a-t-il fait remarquer juste avant l’ouverture des débats. « Un seul élément doit justifier les prix : la sinistralité. Or, elle baisse par exemple en automobile », a-t-il rappelé.

Les avantages des assureurs remis en cause

Dans l’Hémicycle, le ministre délégué à la Consommation, Benoit Hamon, s’est montré ferme envers les lobbys de l’assurance. « Cette mesure, (…) suscite quelques réactions d’acteurs économiques courroucés à l’idée de redéfinir les règles du jeu », a-t-il déclaré. « Alors que la situation financière des grands assureurs est, disons-le honnêtement, confortable, les primes d’assurance multirisques habitation ont augmenté deux fois plus vite que l’inflation sur quinze ans, et trois fois plus vite sur ces trois dernières années », a attaqué l’ancien porte-parole du Parti Socialiste. « J’ai vu et entendu les arguments de la coalition d’intérêts privés qui conteste cette mesure. Elle est dans son droit le plus légitime. Mais si la coalition, aussi nerveuse que large, s’exprime, c’est que nous touchons là à des avantages qu’il fallait remettre en cause ».

Les débats doivent se poursuivre à l’Assemblée nationale pendant une semaine, avec une adoption définitive prévue le vendredi 28 juin 2013.

 


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